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9 mai 2015

L'ombre du vent, Carlos Luis Zafon

Barcelone, 1945. Le jeune narrateur découvre le cimetière des livres oubliés, intronisé par son père dans un univers fermé et secret.  Son choix se porte instinctivement vers L’ombre du vent, œuvre d’un dénommé Julian Carax. Dès lors, Daniel se lance sur les traces de cet auteur insaisissable, disparu dans des conditions mystérieuses. Mais il n’est pas le seul à le chercher et sa quête ne se révèle pas sans danger…

L'ombre du vent

Le postulat de départ est séduisant : « adopter » un livre oublié pour lui donner une deuxième vie et faire revivre par la même occasion l’âme de son auteur, vibrer à l’unisson avec ce livre oublié dans un élan quasi-mystique. P. 13 « Chaque fois qu’un livre change de mains, que quelqu’un promène son regard sur ses pages, son esprit grandit. »  On a l’impression de pénétrer dans un monde interdit, réservé aux seuls initiés, où les livres murmurent des secrets à ceux qui savent les écouter.

Zafon a un univers bien à lui, qui oscille entre roman historique, roman initiatique et biographie fictive, enrichi de multiples instances narratives. Daniel est attachant, peu sûr de lui mais tenace et perspicace. Les personnages sont hauts en couleur, notamment Fermin, dont les réparties sont pleines d’humour et d’esprit.

Malgré tout, et là j’ai conscience de m’attaquer à un succès planétaire, mais tant pis, je le dis : je n’ai pas été charmée plus que ça. J’ai été rebutée par la longueur, les péripéties labyrinthiques qui jalonnent le roman et font perdre de vue le sujet de départ. Pour moi le suspense s’est délité dans les méandres du récit, dommage. Pourtant j’aime le style de Zafon, ainsi que ses héros typiquement romantiques.

Je retiendrai cependant les descriptions séduisantes, sensuelles, charnelles, de l’univers des livres :

« Il se tenait timidement à l’extrémité d’un rayon, relié en cuir lie-de-vin, chuchotant son titre en caractères dorés qui luisaient à la lumière distillée du haut de la coupole. »

***

P. 11 « Nous nous regardions dans la pénombre, cherchant des mots qui n’existaient pas. »

p. 25 « Il n’y a pas de langues mortes, il n’y a que des cerveaux engourdis. »

p. 96 « L’âge finit toujours par nous présenter sa facture. »

p. 105 « Je pensais que si j’avais découvert tout un univers dans un seul livre inconnu au sein de cette nécropole infinie, des dizaines de milliers resteraient inexplorés, à jamais oubliés. »

p. 483 « Dans mes rêves, la silhouette d’une Parque enveloppée de brume chevauchait au-dessus de Barcelone, lueur spectrale qui tombait sur les tours et les toits, tenant au bout de ses fils de deuil des centaines de petits cercueils blancs qui laissaient sur leur passage une traînée de fleurs sombres dont les pétales portaient, écrit avec du sang, le nom de Nuria Monfort. » 

p. 579 « Presque tous nous avons la chance ou le malheur de voir s’effriter peu à peu, sans presque nous en rendre compte. »

p. 592 « Les guerres sont sans mémoire et nul n’a le courage de les dénoncer, jusqu’au jour où il ne reste plus de voix pour dire la vérité, jusqu’au moment où l’on s’aperçoit qu’elles sont de retour, avec un autre visage et sous un autre nom, pour dévorer ceux qu’elles avaient laissé derrière elles. »

p. 608 « Julian a écrit quelque part que les hasards sont les cicatrices du destin. Le hasard n’existe pas, Daniel. Nous sommes les marionnettes de notre inconscience. »

p. 615 « L’espoir est cruel et vaniteux, sans conscience. »

p. 616 « De toutes les choses que Julian a écrites, celle dont je me suis toujours sentie le plus proche est que nous restons vivants tant que quelqu’un se souvient de nous. »

p. 654 « Une assemblée choisie de dames alliant une vertu facile à beaucoup de kilomètres au compteur nous reçut avec des sourires qui auraient fait les choux gras d’une faculté d’orthodontie. »

 p. 664 « Bea prétend que l’art de la lecture meurt de mort lente, que c’est un rituel intime, qu’un livre et un miroir où nous trouvons seulement ce que nous portons déjà en nous, que lire est engager son esprit et son âme, des biens qui se font de plus en plus rares. »

Première participation au mois espagnol chez Sharon !

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