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18 avril 2017

Tristes revanches, Yoko Ogawa, 1998

Un recueil de nouvelles de l'auteure japonaise Yoko Ogawa qui s'avère une rencontre surprenante.

 

Tristes revanches

Une atmosphère étrange baigne le recueil ; des sentiments souvent borderline, des tranches de vie troublantes, parfois dérangeantes.

Un après-midi à la pâtisserie met en scène une jeune femme qui vient acheter un gâteau d'anniversaire pour son petit garçon décédé. C'est à la fois triste et émouvant, bien sûr, mais aussi sobre et pudique. « Un océan de mort s'étalait à mes pieds. Un océan écrasant qui n'était ni liquide, ni paysage, ni souvenir, ni mots. Nulle part il n'y avait de chemin pour le traverser, on n'y voyait aucun petit oiseau s'y reposer, seules les vagues noires arrivaient sans relâche de l’extrémité de l'infini. »

Dans Jus de fruit, une adolescente fait la connaissance de son père en compagnie d'un garçon de sa classe, le narrateur. Lorsqu'elle croque dans un kiwi, faisant jaillir son jus, c'est comme des larmes muettes qui coulent.

Dans La vieille femme J., une romancière noue une relation singulière avec sa propriétaire qui lui donne régulièrement des légumes du jardin. Jusqu'au jour où elle lui donne de curieuses carottes, à la forme inquiétante. C'est cette même romancière qui est enterrée dans L'esprit du sommeil, où le narrateur se rappelle les bons moments passés avec sa « maman pendant deux ans », la deuxième épouse de son père.

Blouses blanches, ou une liaison adultère qui tourne mal. Faufilage de cœur n'a rien à envier à Edgar Poe qui ouvre la voie au malaise persistant dans Bienvenue au pays des supplices. Les dernières nouvelles comportent aussi leur part de bizarrerie, culminant avec Herbes vénéneuses qui sème habilement le doute dans l'esprit du lecteur.

J'ai souvent plus de mal à me plonger dans un recueil de nouvelles que dans un roman, puisque tout est à reconstruire à chaque début de récit. Mais ici, un fil rouge tisse un lien d'une nouvelle à l'autre, créer un écho, une résonance, qui finissent par devenir presque ludiques. Une petite allusion à un personnage, à un événement, suffit à créer un univers complet et cohérent.

Je me suis senti plus d'affinités avec les deux premières nouvelles, intimistes, alors qu'avec La vieille femme J., on commence à basculer dans une tonalité différente, sanglante, à la frontière du fantastique. Le plus perturbant, c'est certainement la relation de confiance qui se tisse entre le narrateur – ou la narratrice – de chaque nouvelle, relation qui est ensuite trahie par une action pour le moins incongrue (comme dans Faufilage de cœur ou Bienvenue au pays des supplices).

J'ai dévoré ce recueil avec curiosité, heureuse de sortir de ma zone de confort. Mais malgré le ton particulier du recueil, son originalité et son architecture recherchée, je ne suis pas totalement convaincue. Je pense lire d'autres œuvres de cette auteure pour me faire mon idée...

Un mois au Japon organisé par Lou et Hilde

Le mois japonais

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Commentaires
M
J'ai été surprise car je m'attendais à des nouvelles plus classiques, plus réalistes... Je tenterai peut-être ma chance avec un autre titre...
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H
Yoko Ogawa a un certain don pour les ambiances étranges et déstabilisantes. Je n'ai pas lu ce recueil mais ce que j'ai pu lire d'elle m'a toujours un peu dérangée par certains aspects même si j'apprécie son écriture. <br /> <br /> Ce n'est pas toujours évident de sortir de sa zone de confort, et parfois, j'ai du mal à dire si j'ai aimé ou non. Je vois que tu n'es pas tout à fait convaincue de ton côté.
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M
Je crois que je m'attendais à des nouvelles plus ancrées dans la réalité quotidienne, plutôt que dans le macabre ! ça reste une lecture agréable, mais pas forcément en phase avec ce que j'ai envie de lire en ce moment ! J'ai noté L'homme du verger, il me tente bien ! Merci de ta visite Tante Fi, bonne semaine et à bientôt ! :)
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M
Je comprends bien ce que tu veux dire. Cette auteure a un talent c'est certain, mais peut-être que je trouverais personnellement les thèmes lourds. <br /> <br /> Je trouve que ce doit être difficile de trouver la note juste quand on traite des sujets lourds dans un roman. Tu vois, c'est ce que j'ai aimé dans celui d'Amanda Coopler 'L'homme du verger'. Quoique avec la nouvelle, il faut faire vite. L'auteur n'a pas vraiment d'ampleur pour jouer avec son récit. :) Bonne journée Myrtille! :)
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