Sauvage par nature, Sarah Marquis
« Je vais me lancer dans cette plaine ouverte, comme on se lance à la mer sur un radeau de sauvetage. Il n'y a aucun abri apparent, par un rocher, pas un arbre, par un village sur plusieurs centaines de kilomètres » (p. 76)
J'ai découvert dans un numéro de Flow l'histoire de Sarah Marquis, une aventurière suisse qui parcourt le monde à pied depuis une vingtaine d'années. Elle a déjà raconté son expérience dans Déserts d'altitude et L'aventurière des sables. L'extraordinaire destin de D'joe est consacré à son chien qui l'a accompagnée sur une distance de 10 000 kilomètres.
Dans Sauvage par nature, Sarah Marquis traverse l'Asie et achève son périple de trois ans en Australie. L'essentiel du récit se déroule en Mongolie, où les tempêtes le disputent au manque d'eau et où les mauvaises rencontres alternent avec les bonnes. A côté de l'indifférence ou de l'hostilité, il y a aussi parfois la solidarité, lorsqu'une compréhension tacite prend le pas sur l'obstacle du langage et sur les différences de mode de vie. Mais il faut reconnaître que le plus souvent, on ne réserve pas un très bon accueil à une femme qui voyage seule. Pas après pas, on suit l'incroyable parcours semé d'embûches de la narratrice. Le récit, découpé en chapitres eux-mêmes subdivisés en paragraphes munis d'un titre évocateur, est mené au présent, ce qui permet de vivre l'action en même temps que Sarah Marquis. Tout au long de ma lecture, j'ai bien sûr pensé à Wild de Cheryl Strayed, lu il y a quelques années. Le personnage de Sarah est cependant plus mystérieux et plus discret, en quête d'absolu.
Tout comme j'ai été fascinée pendant une période par l'ascension de l'Everest, je suis aujourd'hui admirative de ceux qui osent mener une vie radicalement différente, sans artifice, en osmose avec la nature et avec le rythme biologique du corps humain. Le temps prend alors une autre dimension et même une autre signification : « Les nuits et les jours se succèdent au point que j'en perds le nombre. Seule la lune me garde informée de ce que je dois savoir et rien de plus. » (p. 76). Plus rien ne compte, en-dehors de la marche et du ravitaillement, et surtout, de la communion avec la nature, même lorsqu'elle est inhospitalière.
Pour moi qui n'ai jamais quitté l'Europe, le dépaysement est total :
p. 86 « Les jours se succèdent, la steppe change de couleur. Par moments, elle me fait penser à un gâteau multicouche. Ce n'est ni framboise ni citron, mais plutôt un ambre chaleureux superposé de tous les verts possibles associés au ciel bleu d'ici : si franc et uni. » (p. 86).
p. 88 « La Mongolie est ainsi. Sa beauté se respire. C'est son espace, son absence de limites, son absence de tout, de routes, de clôtures, de règles. Plus on s'en éloigne et plus on la voit. Je suis complètement hypnotisée par la beauté des steppes. »
p. 181 « La Taïga est prenante et magnifique, j'aime cette forêt dense et vibrante.
Le rainbow bee eater qui vit en Australie