Le Bureau de mariage de M. Ali, Farahad Zama

Tout commence lorsque M. Ali, jeune retraité de la fonction publique, décide d'ouvrir une agence matrimoniale dans la ville indienne de Vizag. Après avoir réaménagé une pièce de la maison, il propose donc à ses clients de leur trouver le conjoint idéal en passant lui-même les petites annonces et en les mettant en relation. Bientôt, son agence se fait connaître, ce qui le décide à engager une employée, la jeune Aruna, obligée de travailler pour subvenir aux besoins de sa famille.

Ce roman prenait la poussière dans ma bibliothèque depuis de longues années, sans aucune raison… C'est grâce aux Etapes indiennes de Hilde que j'ai réussi à le lire et ce fut une belle surprise, merci Hilde donc !

C'est un roman plein de fraîcheur qui est à la fois dépaysant et instructif pour le lecteur européen. En effet, la tradition du mariage arrangé est encore très prégnante en Inde ; les jeunes n'envisagent pas de se marier sans la supervision de leurs parents. Au-delà de l'intérêt financier, il y a la question de la religion mais aussi celle de la caste qui sont primordiales. Il n'est donc pas étonnant que les clients de M. Ali aient des critères de recherche assez pointus. Sous des dehors assez légers, ce récit pose des questions intéressantes sur l'Inde contemporaine : les relations parents-enfants plus autoritaires que chez nous, le parcours semé d'embûches de la jeune mariée dans sa belle-famille, la mise au ban de la société d'une femme divorcée… Cerise sur le gâteau, une jolie romance s'amorce aux trois-quarts du roman, comparée à Orgueil et Préjugés sur la quatrième de couverture...

J'ai aimé la bonhomie de Mme Ali, même si la plupart des décisions reviennent à son mari ; j'ai aimé l'abnégation d'Aruna, même si cela semble évidemment injuste ; j'ai aimé le bon sens de M. Ali – même s'il en paraît dépourvu quand il s'agit de ses relations avec son fils !

J'adore voyager grâce à mes lectures et ce petit roman a l'art de nous plonger dans les multiples senteurs de l'Inde : nombreuses sont les recettes qui mettent l'eau à la bouche. Senteurs et saveurs qui ne sont pas seulement l'apanage de la cuisine mais sont associées à diverses traditions, comme celles du mariage : « Le mélange doux-amer de graines de cumin et de sucre de palme représente les joies et les tracas du mariage » (p. 367). Je ne suis jamais allée en Inde et je ne connais pas bien la géographie de ce pays, mais la ville de Vizag semble assez cosmopolite, tant du point de vue des langues que des religions et traditions qui coexistent.

Bonne nouvelle, il y a une suite : Les Mille et une conditions de l'amour…

***

« Elle saisit une pincée de graines de moutarde qu'elle jeta dans l'huile. Quand elles commencèrent à éclater, elle ajouta des clous de girofle, de la cardamome et un bâton de cannelle, puis une petite assiette d'oignons qu'elle avait émincés. Les délicieux arômes parfumèrent la cuisine et le reste. » (p. 103)

Les billets des copinautes : Hilde - Blandine et Isabelle

Comments

[FondantGrignote]

Ca semble coloré, pétillant et sympathique !! :-)

[Blandine]

Comme toi, j'ai passé un très bon moment de lecture aussi divertissant qu'instructif.

Je me réjouis qu'il y ait une suite :-)

[rachel17]

oui cela semble etre tout un chouette livre....;)

[Hilde]

Merci à toi pour ce voyage livresque en Inde!

C'est vrai que ce roman soulève de nombreuses questions mais sans alourdir le récit, c'est ce qui m'a plu. Avec le temps, je me familiarise avec certains sujets mais j'avoue que l'organisation des mariages indiens attise toujours ma curiosité.

Les critères de recherches des clients et clientes de Mr Ali sont assez surprenants. Je crois que l'Inde n'a pas fini de me surprendre. ;)