Pendant mes années d'étude, je me suis lancé le défi de lire l'intégralité des Rougon-Macquart. Longtemps après, ce n'est toujours pas fait, mais j'ai bon espoir  d'y parvenir un jour... Une page d'amour est le huitième tome de la saga et a été publié en 1879.

 

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Hélène Grandjean, une veuve installée depuis peu à Paris avec sa fille Jeanne, âgée de 12 ans, rencontre le docteur Deberle dans des circonstances un peu particulières, lors d'une crise nerveuse de Jeanne, au milieu de la nuit. En réalité, Hélène s'aperçoit que le docteur est aussi le propriétaire de son petit appartement de la rue Vineuse. Leur rencontre, en dépit de circonstances difficiles, ne les laisse pas indifférents. Le lendemain, Hélène se rend chez les Deberle pour remercier le docteur ; petit à petit, elle va être invitée à passer du temps chez eux, dans leur jardin et se va rapprocher de Juliette, la sympathique mais superficielle épouse du docteur. Lorsque Henri Deberle avoue son amour à Hélène, elle est d'abord touchée puis décidée à savourer ce sentiment de manière platonique. Jusqu'à ce que…

J'ai été surprise au départ, de ne pas découvrir un milieu plus spécifique, comme c'est souvent le cas dans cette saga. On évolue dans l'univers bourgeois du XIXème siècle, un univers douillet et pas désagréable mais sans la dimension didactique qui me plaît tant chez Zola habituellement. Quant au cadre parisien, bien qu'il se fasse l'écho des sentiments d'Hélène et de Jeanne, les descriptions, quoique superbes, ne m'ont pas charmée autant que la description des Halles dans le Ventre de Paris ou des fleurs dans La faute de l'abbé Mouret.

Le personnage d'Hélène est très sympathique ; elle est à la fois paisible, modeste et d'une grande douceur. Le temps s'écoule lentement et sereinement, on croirait presque avoir affaire à une parenthèse idyllique dans cette vaste fresque familiale tourmentée mais bientôt, les événements vont prendre un tour plus tragique. Ce tome n'aura sans doute pas ma préférence, mais j'ai savouré la beauté des mots ; je suis contente d'avoir pu renouer avec l'auteur classique favori de mes années étudiantes en ces étranges semaines de confinement.

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Une collation digne de Dowton Abbey :

« Sous la vie clarté de la lampe centrale et de deux candélabres à dix branches, la salle à manger s'étendait, avec sa longue table, servie et parée comme pour un grand dîner […] Puis c'étaient des gâteaux montés, des pyramides de fruits glacés, des empilements de sandwichs, et, plus bas, toute une symétrie de nombreuses assiettes pleines de sucreries et de pâtisseries ; les babas, les choux à la crème, les brioches alternaient avec les biscuits secs, les croquignoles, les petits fours aux amandes. Des gelées tremblaient dans des vases de cristal. Des crèmes emplissaient des jattes de porcelaine. Et les bouteilles de vin de Champagne, hautes comme la main, faites à la taille des convives, allumaient autour de la table l'éclair de leurs casques d'argent. » (p. 125)

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Il me reste cinq romans à lire : si vous êtes tentés par une LC, je suis partante !

- Son Excellence Eugène Rougon

- Nana

- La Terre

- L'Argent

- La Débâcle

Participation au challenge Des livres et des écrans en cuisine chez Fondant Grignote et Bidib

coldes livres en cusine 2020 (5)