Il s'agit du premier roman d'Andria Williams, inspiré d'événements réels.
Idaho met en scène le quotidien d'un couple dans les années 60. Paul est opérateur dans une base militaire d'essais nucléaires ; Nat est femme au foyer et s'occupe de leurs deux filles. Elle fait de son mieux pour s'adapter mais il est difficile de se faire des amis dans un quartier où les épouses se doivent d'avoir un comportement irréprochable. En l'absence de son mari, Nat va nouer une amitié un peu ambiguë avec Esrom, ce qui ne laissera pas de faire parler.
Très vite, on sent des non-dits dans le couple ; Nat aimerait avoir plus de liberté de mouvement pour s'occuper de ses filles plutôt que de rester à la maison et d'investir les lieux alors qu'ils devront peut-être déménager à nouveau sous peu, si son mari reçoit une promotion. Paul, quant à lui, est taciturne mais aimant. Il n'est pas forcément blâmable pour sa vision étriquée du couple, c'est l'époque qui veut ça mais heureusement, il sait évoluer de manière positive.
Le point de vue des deux époux alterne, sans favoriser l'un plus que l'autre, même si évidemment, j'arrive plus facilement à comprendre Nat. qui dépérit entre quatre murs. Ponctuellement, on suit aussi le quotidien de Jeannie, l'épouse du chef de Paul, dont la situation n'a rien d'enviable.
Les autres couples aperçus n'offrent pas non plus l'image du bonheur ; on sent qu'on est dans une période transitoire, où les femmes sont partagées entre une envie d'émancipation et le souci de s'occuper au mieux de leur famille, selon les critères de l'époque. Même si Jeannie est une impitoyable Bree Van de Kamp, on arrive aussi à la plaindre par certains côtés. Les apparences sont tout ce qui lui reste pour exister dans une société dominée par les hommes et le modèle familial traditionnel.
J'ai beaucoup aimé le cadre que j'ai trouvé original : une petite ville sans charme particulier en-dehors de ses chutes artificielles, implantée en plein désert dans le contexte de la guerre froide. Ce n'est pas le lieu rêvé pour être heureux : une page d'histoire vue sous un angle intimiste.
Le mois américain chez Plaisirs à cultiver