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7 février 2021

Farallon Islands, Abby Geni

Premier roman d'Abby Geni, paru en France en 2017.

Farallon Islands

 Miranda est photographe de nature. Elle a fait le choix de venir séjourner dans les îles Farallon, au large de San Francisco. La jeune femme n'a pas réussi à faire le deuil de sa mère, décédée brutalement alors qu'elle avait 14 ans. Déracinée, Miranda a parcouru le monde depuis, en prenant soin de lui écrire une lettre à chaque escale, manière de continuer à communiquer avec celle qui est partie trop tôt. « Ta mort m'a fait ricocher sur la planète comme un caillou sur un étang. Une nomade. Une âme perdue » (p. 156)

 Farallon Islands est le récit de ce deuil, qui va se faire d'une manière inattendue. Miranda doit d'abord composer avec les scientifiques qui étudient la faune et vivent là depuis plusieurs années. L'atmosphère est parfois lourde sur cette petite île qui n'offre ni dérivatif, ni échappatoire : il faut accepter les autres tels qu'ils sont et se faire une place au sein de cette minuscule communauté isolée du reste du monde. D'ailleurs, l'archipel des morts porte bien son nom car des événements funestes vont venir perturber le quotidien des personnages. Les îles Farallon constituent un lieu déconnecté de la réalité, où le temps s'écoule différemment et où le moindre faux pas peut avoir des conséquences dramatiques. Ce n'est pas vraiment un thriller pour autant, plutôt un nature writing dont les Américains ont le secret, qui célèbre la nature autant qu'il en trace les contours menaçants.

 C'est une lecture étrange, qui ne met pas du baume au coeur mais qui offre une histoire originale et des paysages magnifiques, un roman tout en lenteur et paradoxalement addictif.

 ***

« Se souvenir c'est réécrire. Photographier, c'est substituer. Les seuls souvenirs fiables, j'imagine, sont ceux qui ont été oubliés. Ils sont les chambres noires de l'esprit. Fermées, intactes, non corrompues » (p. 130)

 « Tous les matins, je sors du lit et je souris involontairement au paysage. C'est un dessin au fusain qui va de la tache noire au gris cendre. Le rivage écroulé. Le granit des îlots proches. La déroute éclair des souris. Les nuages vaporeux. Les phoques à la teinte ardoise. Les baleines qui voguent au large comme des sous-marins. C'est un monde dénué de couleur, et pourtant, je lui trouve la beauté d'un arc-en-ciel » (p. 148)

 « Ici, l'expérience de la perte est une expérience géographique plutôt qu'émotionnelle. Les îles sont un aimant pour la perte » (p. 362)

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