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20 septembre 2021

La Brodeuse de Winchester, Tracy Chevalier

Nouvelle lecture pour le mois américain avec la plus anglaise des romancières américaines !

 « Nous commencerons par les principaux points que nous utilisons pour les agenouilloirs et les coussins : point de croix, point de croix allongé, demi-point de croix, point de riz, point de Gobelin droit et point d’oeillet. » (p. 61)

 brodeuse

Winchester, 1932. Violet Speedwell, trente-huit ans, mène une vie solitaire et un peu terne. Son fiancé ayant trouvé la mort lors de la Première Guerre mondiale, Violet n’a pas eu d’autre occasion de se marier. Elle a récemment eu le courage de quitter le foyer maternel à Southampton, contre toute attente, pour échapper à une mère défaitiste et contrariante. Dactylo dans une agence d’assurances, désormais à Winchester, les jours s’écoulent de manière assez austère, jusqu’à ce que Violet entre dans le cercle très fermé des Brodeuses de Winchester, tout à fait par hasard. Là, elle va peu à peu nouer des amitiés inattendues et donner un nouveau sens à son existence. 

Je suis toujours la carrière de Tracy Chevalier de près, même si j’oscille souvent entre coups de coeur (La Dernière fugitive, La Dame à la licorne, La Jeune fille à la perle) et déceptions (Le Récital des anges, A l’orée du verger). Ici, j’ai immédiatement réussi à me glisser dans la peau de Violet, qui fait partie de ce que l’on a appelé les femmes « excédentaires » entre les deux guerres. On découvre que ces femmes, ces « vieilles filles » qui n’avaient pas pu se marier, étaient traitées avec un certain mépris. A cela s’ajoute pour Violet l’obligation morale de s’occuper de sa mère malade, étant donné qu’elle n’a pas de famille à charge, contrairement à son jeune frère. Une femme qui vit seule à cette époque était considérée avec suspicion, et d’ailleurs elle n’était jamais vraiment seule car, après avoir supporté sa mère jusqu’à 38 ans, Violet vit désormais sous l’oeil sévère de sa logeuse, Mrs. Harvey. Qui plus est, son maigre salaire ne lui permet pas de manger chaud tous les jours. Bref, la vie de Violet n’est pas facile et étonamment, c’est la broderie, pourtant organisée au profit de la cathédrale et chapeautée par des dames bien-pensantes, qui va lui permettre de se glisser sur le chemin de l’émancipation. 

Dans les romans de Tracy Chevalier, l’arrière-plan historique est toujours passionnant ; ici, on ne revit pas les « grandes heures » de l’histoire mais plutôt les conséquences de celles-ci. Et ce qui m’a bien sûr intéressée par dessus-tout, c’est la technique de la broderie : découvrir les différents points, le choix des motifs, la construction patiente d’une œuvre collective. Passionnante également la découverte de la campanologie : Violet a la chance de se voir initiée par les sonneurs de cloches de Winchester et de Nether Wallop.

Et depuis que je crochète, moi qui ne savais absolument rien faire de mes mains, je m’intéresse à tout ce qui concerne de près ou de loin les travaux d’aiguille, même si je ne sais pas broder. J’ai exactement le même ressenti que Violet lorsque je m’active à mes petits travaux de laine : « Pour Violet, la broderie était comparable à la dactylographie, en plus satisfaisant. Il fallait se concentrer, mais une fois qu’on était suffisamment experte, on trouvait son rythme et on ne pensait plus qu’à l’ouvrage qu’on avait devant soi. La vie se résumait alors à une rangée de points bleus qui se muaient sur la toile en une longue tresse, ou à une explosion de rouge qui se transformait en fleur (...) » (p. 91).

 Comme il est souvent question de thé, de sandwichs au cresson et de génoise au citron, ce roman est parfait aussi pour le challenge Des livres et des écrans en cuisine !

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Mois américain sur instagram chez lamousme.

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Commentaires
B
C'est un de mes préférés parmi les romans de Tracy Chevalier. J'ai bien aimé ce qui est dit de la broderie ici mais qui peut s'appliquer à tous les travaux d'aiguille : cela aide et fait progresser.<br /> <br /> Bonne journée.
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F
Une belle lecture, oui, je confirme ! Participation enregistrée :-) Belle semaine, Myrtille !
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Y
Bonsoir, j'ai adoré ce livre, et ressenti le même plaisir à sentir le fil glisser entre l'aiguille et le tissu richement brodé. Ce roman m'a permis de découvrir la plume de Tracy Chevalier avec grand bonheur.
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C
Je n'ai jamais fait d'incursion dans l'univers de Tracy Chevalier, je pense que ce serait bien un jour que je m'y penche, ça pourrait fort bien me plaire !
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