Mexican Gothic, Silvia Moreno-Garcia
« Ouvrez les yeux ! »
Mexico, années 50. Noemi Taboada est une jeune femme en apparence insouciante, qui papillonne d’une soirée à l’autre. Mais c’est aussi une jeune femme affirmée qui poursuit des études universitaires d’anthropologie, peu décidée à faire hâtivement un mariage d’intérêt pour sa famille. Une lettre de sa cousine va changer le cours des choses : Noemi doit se rendre au chevet de sa chère Catalina, qui, mariée depuis peu avec le beau, ténébreux et britannique Virgil Doyle, s’affaiblit et semble perdre la tête au manoir.
Venue à la rescousse, Noemi découvre alors une bâtisse solitaire et délabrée où sévissent des mœurs austères d’un autre temps. Même ses jolies tenues colorées et sa joie de vivre vont être mises à rude épreuve au contact des Doyle qui semblent dissimuler de vilains secrets… Une mine désaffectée, un manoir décrépi, un cimetière, des meurtres anciens, un huis-clos oppressant, c’est la lecture idéale en cette saison d’Halloween !
Le titre, la couverture et le commentaire du Guardian ne pouvaient que me faire succomber à l’appel de l’achat impulsif. Je me suis fait un petit plaisir, moi qui achète rarement des grands formats, en emmenant mon grand garçon en ville chez l’orthodontiste : une journée qui s’annonçait longue s’est terminée en virée dans une petite librairie indépendante ! Et comme le challenge Halloween approchait, c’était le moment idéal !
« Lovecraft rencontre les sœurs Brontë en Amérique Latine »
Pour ce qui est des sœurs Brontë, on est servi : le manoir est isolé et presque constamment dans le brouillard, les personnages sont sinistres à souhait. Si au début je trouvais l’histoire un peu convenue et le contexte macabre cousu de fil blanc, je me suis laissé surprendre par la tournure des événements : aux deux-tiers du roman, la comparaison avec l’univers de Lovecraft prend tout son sens et le récit bascule clairement dans le fantastique. Ce n’est pas forcément le genre de surnaturel que je préfère parce que c’est vraiment très glauque, mais en même temps, il y a toujours une sorte de raffinement dans le récit qui en rend la lecture supportable, grâce à la fraîcheur de Noemi et au style qui reste élégant même dans les pires moments. Les personnages et le décor sont décrits avec beaucoup de précision et de simplicité à la fois, ce qui fait que l’ensemble est visuel, facile à se représenter : je n’ose imaginer ce que donnerait une adaptation à l’écran, frissons d’horreur garantis !
Ce roman ne sera pas parmi mes lectures halloweenesques de prédilection, mais je suis contente d’avoir changé de continent et découvert une jeune romancière qui fait l’actualité.
Challenge Halloween chez Lou et Hilde
Prochaine étape : un roman plus cocooning qui se passe en pleine période d’Halloween, Le Journal de Claire Cassidyd’Elly Griffiths.