Le Bureau des affaires occultes, Eric Fouassier

Paris, 1830. La Révolution a chassé Charles X au cours des Trois Glorieuses ; c’est désormais Louis-Philippe qui est sur le trône. C’est dans ce contexte d’instabilité politique que le jeune Valentin Verne officie au service des mœurs. Il traque sans répit un certain Vicaire, un criminel qui s’en prend aux enfants, quand il est affecté brutalement au service de la Sûreté. Il doit alors enquêter sur la mort étrange de Lucien Dauvergne, un jeune aristocrate qui s’est suicidé sous les yeux de sa mère au beau milieu d’une réception mondaine. Valentin doit comprendre ce qui a poussé un jeune homme à qui tout souriait à se défenestrer. Il fait bientôt le lien avec une autre affaire, dans laquelle un dénommé Tirancourt s’est également donné la mort avec pour seule explication : « Ce sont les miroirs qui m’ont obligé ». Commence alors pour Valentin un parcours semé d’embûches, qui va le mener de la morgue au Boulevard du Crime, en passant par le faubourg Saint-Honoré et la rue du Cherche-Midi. 

 J’avais déjà lu de cet auteur Le piège de verre qui se passe à la Renaissance et pour une bonne part dans le Val de Loire. J’avais hâte de découvrir cette nouvelle série qui se déroule au XIXème siècle, la période que je préfère en littérature mais que je connais pas si bien en fait. La lecture de ce roman a été l’occasion de me rafraîchir la mémoire sur ce qui concerne la Monarchie de Juillet. 

Le prologue place d’emblée l’histoire sous le signe de la terreur : un garçon fuit un danger inconnu du lecteur et se perd dans le labyrinthe des glaces de la foire du Trône. L’atmosphère continue à s’alourdir avec le suicide de Lucien Dauvergne. Ensuite, le récit va presque entièrement se focaliser sur Valentin et l’avancée de son enquête, récit entrecoupé par des extraits du journal de Damien, une victime du Vicaire, dont on ignore le lien avec l’inspecteur. 

J’ai adoré ! On s’identifie facilement à Valentin, ce jeune homme tourmenté qui a à coeur de mettre fin aux agissements du Vicaire et qui n’hésite pas à se mettre en danger pour ce faire. On découvre le Paris d’avant Haussmann, des hauts-lieux aux quartiers les moins favorisés. C’est l’époque de la première d’Hernani et des chocolats médicinaux. C’est aussi les débuts du marketing (je pense à l’officine de Pelletier décrite p. 72-73). L’enquête est prenante et la résolution de l’énigme fait appel à des théories thérapeutiques ancrées dans cette époque si particulière, mais chut, sinon je vais vous dévoiler la fin^^. 

Ce que j’aime par-dessus tout, c’est quand un roman me permet de voyager dans le temps, de m’imaginer la vie quotidienne telle qu’elle était : les noms de rues, les détails vestimentaires, la description des moyens de locomotion et la vie culturelle, tout ce qui est évoqué ici permet une belle immersion dans le Paris du XIXème. Le tout dans un style fluide et raffiné à la fois. Coup de coeur !

Et parce qu’on va de morgue en cimetière en passant par des pratiques occultes (au sens propre comme au figuré), je propose ce billet pour le challenge Halloween.

Comments

[dasola]

Bonsoir, même si je n'ai pas écrit de billet dessus, j'ai bien apprécié ce roman avec un arrière-plan historique intéressant. J'ai la suite qui m'attend. Bonne soirée.

[Hilde]

C'est très tentant, je l'avais repéré en livre audio. J'aime bien aussi les voyages dans le temps et l'idée des pratiques occultes.

[nath]

j'ai adoré aussi! Une belle écriture en plus. Est-ce qu'un tome 2 est prévu ? J'espère !