Les recettes des dames de Fenley, Jennifer Ryan

3 octobre 2022

« La cuisine, c’est comme la vie, lança-t-elle, en essayant de se rappeler l’ambiance de son restaurant haut de gamme à Londres. Il faut avancer à tâtons sans relâcher votre vigilance afin de rendre le plaisir plus intense, et d’en faire durer le souvenir » (p. 52)

Angleterre, 1942. Le Ministère du Ravitaillement a décidé d’organiser un concours à Fenley pour choisir celle qui co-présentera avec Ambrose, l’animateur vedette, une émission de la BBC. The kitchen front est une émission destinée à aider les ménagères à composer des menus à l’aide des maigres rations imposées par la guerre. Quatre femmes de Fenley vont donc tenter de remporter le concours, motivées toutes quatre par des raisons différentes.

Audrey Landon, veuve d’un artiste peintre disparu dans l’explosion de son avion, mère de trois garçons, a bien besoin d’une source de revenus supplémentaires pour nourrir sa famille. Sa sœur, l’ambitieuse Lady Gwendoline Strickland, veut démontrer ses talents à la communauté. Nell Brown, aide-cuisinière à Fenley Hall, chez Gwendoline, est poussée par la cuisinière Mrs Quince, à participer. Enfin, Zelda Dupont, chef à Londres, venue se réfugier à Fenley pour cacher sa grossesse à une époque où il est mal vu de donner naissance à un enfant sans être mariée, veut au plus vite retrouver une place en vue dans la capitale. Toutes les quatre vont postuler à ce concours et préparer avec les moyens du bord, une entrée, un plat et un dessert.

Ce roman a occupé une bonne partie de mon mois de septembre. J’ai pris plaisir à suivre les aventures culinaires, amoureuses et tout simplement humaines de ces quatre femmes malmenées par la vie. La compétition finit peu à peu par céder la place à la solidarité, et j’ai apprécié le fait que l’histoire prenne une tournure pleine d’espoir dans un contexte qui en était particulièrement dépourvu. Solitude, deuil, restrictions, tromperie, violence, rien ou presque ne leur est épargné.

J’ai particulièrement apprécié les tout derniers propos d’Audrey sur le droit d’être mère et de mener une carrière en même, propos à la résonance très moderne. « Tu peux être mère et travailler. Et là, tu as une occasion en or. Tu peux être une mère et un chef de premier ordre (…) Il faudra bien qu’on nous prenne au sérieux. Nous ne pouvons pas être ignorées : nous ferons aussi bien que les hommes. Mieux même » (p. 476). Coup de coeur aussi pour la jolie relation filiale entre Nell et Mrs Quince. Quatre femmes, quatre voix dans un roman choral savoureux aux recettes inventives malgré les restrictions. Les recettes sont inspirées de documents d’archives de guerre ou encore d’un livre de recettes datant du 18ème siècle ! Ce roman a donc toute sa place dans le challenge Des livres et des écrans en cuisine chez Fondant et Bidib.

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