Charlotte Collins, Jennifer Becton
« Charlotte passa une nuit agitée et se leva aux aurores. Elle décida de remplacer son habituelle tasse de thé par un bon chocolat chaud, pour se consoler du manque de sommeil. La délicatesse sombre et amère du liquide semblait refléter son humeur tout en l'égayant. La maison était calme et fraîche à cette heure-là, et la boisson chaude réconforta son esprit angoissé. » (p. 101)
Charlotte Collins est une austenerie consacrée à Charlotte Lucas, l'amie d'Elizabeth Bennet dans Orgueil et préjugés. Alors qu'Elizabeth finit par faire un mariage d'amour, Charlotte avait opté pour la raison en épousant l'ennuyeux Mr Collins, qui avait lui-même été repoussé par Elizabeth. Veuve depuis peu, Charlotte s'est retirée dans une petite dépendance louée à Lady Catherine de Bourgh, à Westerham. Elle y coule des jours heureux, ou tout du moins sereins, elle qui n'a jamais connu la passion. Mais lorsqu'elle accueille sa jeune sœur Maria, avec pour mission de la chaperonner dans le monde, les choses pourraient bien se compliquer…
J'ai savouré chaque page de ce petit roman qui m'attendait depuis quelques années. J'avais déjà apprécié Le journal de Darcy d'Amanda Grange et encore plus La Quête de Mary Bennet de Pamela Mingle, on peut donc dire que j'aime bien les atmosphères austeniennes.
Ce que j'ai apprécié ici, c'est l'humilité du personnage principal ; dans le roman de Jane Austen, Charlotte renonce à faire un mariage d'amour parce qu'elle n'a ni fortune ni beauté ; son mariage avec Mr. Collins l'a convaincue que l'amour conjugal était rare. Sa modestie l'incite à penser que personne ne s'intéressera jamais à elle et elle n'attend rien de plus de la vie que des petits plaisirs : un bon tea time et des fleurs dans son jardin.
On retrouve un peu de Raison et sentiments dans la relation entre les deux sœurs : Charlotte, plus mûre, qui a connu un mariage, rappelle Elinor tandis que l'impétueuse (et écervelée parfois) Maria évoque la spontanéité de Marianne. Ainsi, Maria n'hésite pas à dévoiler publiquement ses sentiments tandis que Charlotte, rompue aux arcanes de la vie mondaine et à ses subtiles cruautés, fait montre de plus de discrétion. Mais comme dans Raison et sentiments, les deux jeunes femmes vont évoluer et réviser leur jugement sur l'amour et les conventions sociales.
Comme chez Jane Austen, les deux sœurs vont être confrontées aux bad boys et aux gentlemen à la loyauté indéfectible… qui ne sont pas toujours ceux que l'on croit !
Une jolie lecture pleine de fraîcheur, qui donne envie de boire un thé, ou comme Charlotte, un chocolat chaud !
Pour l'anecdote, Jennifer Becton, écrivaine et éditrice américaine, a un cheval nommé... Darcy ! Jennifer Becton a également écrit Caroline Bingley que j'aimerais bien lire un jour, mais j'avoue que Caroline a un capital sympathie nettement moins élevé que Charlotte !
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- Les romans ne sont-ils pas considérés comme une forme mineure de loisir ? En particulier ceux de tonalité humoristique ?
- Ceux qui s'en persuadent ne doivent pas saisir le besoin de légèreté et de détente dans la vie.
- Vous avez tout à fait raison. Nos vies sont suffisamment sérieuses, et je trouve détestable de n'avoir que des lectures enrichissantes.
Conversation entre Charlotte et Mr Edgington
Claudie Blakley dans l'adaptation de Jo Wright. Je n'ai toujours pas vu la version avecc Jennifer Ehle et Colin Firth !
Le mois anglais chez Lou, Titine et Lamousmé !