La disparue de Noël, Anne Perry
p. 121 « Dans un coin, un énorme sapin chargé de décorations, de bougies, de guirlandes de papier coloré et de petits paquets aux couleurs joyeuses, diffusait une odeur boisée qui se mêlait aux senteurs d'épices et de feu de bois, et au fumet discret de la viande rôtie et du pudding. »
Les fêtes de Noël approchent. Mais alors que des membres de la bonne société se retrouvent réunis chez Omegus Jones, Gwendolen Kilmuir met brutalement fin à ses jours. La veille, Isobel Alvie, jalouse de la relation naissante entre Gwendolen, jeune veuve et Bertie Rosythe, lui avait lancé une remarque venimeuse qui l'avait mise en fuite. Avec la découverte du cadavre de Gwendolen, tout semble l'accuser. Omegus propose alors une alternative : si Isobel a le courage de porter à la mère de Gwendolen la lettre cachetée que celle-ci lui a écrite avant de se donner la mort, alors Isobel sera absoute du crime qui lui est reproché et pourra continuer à fréquenter ses connaissances... N'écoutant que sa générosité, lady Vespasia de Cummings-Brown décide de l'accompagner dans son périple à travers les îles britanniques...
Si j'ai été un peu surprise par la tournure que prenaient les événements, j'ai cependant suivi avec plaisir les pérégrinations de nos deux héroïnes dans les paysages glacés de l'Angleterre et de l'Ecosse. En effet, ici pas de huis-clos étouffant dans une demeure british austère mais un road trip vintage qui est l'occasion pour Vespasia et Isobel de se découvrir mutuellement. D'ailleurs, la psychologie des personnages est finement esquissée en un nombre de pages pourtant bref. Vespasia, que tous envient pour sa beauté et son mariage heureux, a en réalité connu son grand amour en dehors du mariage, lors d'une parenthèse discrète qui continue à nourrir son imaginaire. Isobel, veuve comme l'était Gwendolen, a un caractère bien trempé. On perçoit rapidement la difficulté pour une femme de trouver le bonheur à l'ère victorienne, tant celui-ci était conditionné à l'homme auquel elle se liait et qui n'était pas forcément l'élu de son coeur.
Enfin, j'ai beaucoup apprécié, évidemment, la description des intérieurs et de la mode de l'époque (en fan de première heure de Downton Abbey). Tous ces petits détails permettent de s'immerger dans l'histoire et de partager la table des invités. C'était mon premier conte de Noël d'Anne Perry et je ne pense pas m'arrêter en si bon chemin. J'ai également prévu de lire Avant la tourmente, premier tome de la saga des Reavley chaudement recommandée par Nath...
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p.14-15 « La lumière des chandeliers se reflétait sur l'argenterie étincelante et se divisait en prisme multicolore dans les verres en cristal disposés parmi les serviettes de lin pliées en forme de lis. Un grand feu de cheminée chauffait la pièce. Des chrysanthèmes blancs du jardin diffusaient un parfum de terre et de feuilles mortes, une douce fragrance de terres boisées. »