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19 mai 2015

L'homme qui rétrécit, Richard Matheson, 1956

Scott Carrey est atteint d’une maladie inexpliquée qui le fait rapetisser de jour en jour. D’après ses calculs, il ne lui reste plus que six jours à vivre avant de disparaître totalement. Il organise sa survie  comme il peut dans sa propre cave devenue hostile, poursuivi par une araignée féroce qui guette le moindre geste.  Le lecteur découvre aussi par flash-back les différents épisodes qui ont ponctué la progression de la maladie  dans des chapitres indiquant sa stature : 1, 73 m, 1, 63 m…

L'homme qui rétrécit

Les contours familiers se font menaçants et l’objet le plus banal devient un monstre mythologique : « Il avait beau se raisonner, pour lui, la chaudière à mazout avait pratiquement perdu sa fonction d’appareil de chauffage pour devenir une tour gigantesque dans les entrailles de laquelle grondait une flamme magique. Le tuyau d’arrosage était en réalité une énorme vipère rouge immobile, lovée dans son sommeil. Le mur de séparation qui flanquait la chaudière était une falaise, le sable un terrible désert aux collines habitées non par une araignée de la taille d’un ongle mais par un monstre venimeux presque aussi grand que lui.

La réalité était relative. »

Scott est rarement nommé mais simplement désigné par le pronom personnel « il », comme si son rétrécissement s’accompagnait d’une perte d’identité. Et de fait, il perd rapidement ses repères : trop petit pour être considéré comme un époux mais trop grand et trop mûr pour être un enfant, puis plus petit que l’araignée, il ne trouve plus sa place dans un monde qui lui est devenu étranger ; le quotidien change radicalement d’apparence.

Au-delà du phénomène fantastique, Scott est confronté au questionnement qui surgit face à la maladie, à la mort. Jusqu’à une certaine forme d’acceptation voire de résilience.

p. 72 « Il vivait encore, mais était-il question de vivre ou de laisser parler l’instinct de survie ? […] Etait-il une personne à part entière ? Un individu ? Avait-il quelque importance ? Etait-ce suffisant pour survivre ? »

p. 76 « Comme la mort, son destin était impossible à imaginer. Non, il était pire que la mort. La mort, au moins, était un concept ; même si elle restait une inconnue, elle faisait partie de la vie. »

p. 92 « Dans l’univers de la jungle, la responsabilité se réduisait à l’os de la survie. Les compromis n’y avaient pas droit de cité, on ne s’y battait pas pour de l’argent, on ne s’y usait pas les nerfs à gravir les barreaux de l’échelle sociale. On n’y connaissait qu’une question : être ou ne pas être. »

 p. 93 « Aimer quelqu’un dont il n’y a plus rien à attendre ; c’était cela l’amour. »

p. 135 « C’était la conscience de son rétrécissement qui faisait son malheur, pas le  rétrécissement en lui-même. »

p. 211 « C’était plus qu’une araignée. C’était toutes les terreurs du monde, connues et inconnues, confondues en une horreur rampante armée de crocs venimeux. C’était toutes les angoisses, toutes les appréhensions, toutes les peurs de sa vie incarnées en une abominable forme noire. »

p. 266 « Savoir que la fin était proche sans en être affligé. Cela portait un nom : le courage. »

***

 Un petit homme pour un grand Matheson qui sonne ma réconciliation avec cet auteur : j'ai été déçue récemment par La maison des damnés. Là, je retrouve ce que j'aime chez lui : un style limpide teinté de réflexions philosophiques et une certaine mélancolie...

Le roman a été adapté au cinéma en 1957 ; Richard Matheson en a écrit le scénario.

 

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