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1 avril 2012

Les enfants du Titanic, Elisabeth Navratil

« Le Titanic est le plus grand de tous les navires ayant jamais existé […] Il est haut comme une maison de onze étages, et long comme une rue […] Il abrite une ville entière avec ses maisons, ses magasins, son théâtre, ses cafés, ses restaurants, son casino et deux mille deux cent vingt-deux personnes, dont six cent quatre-vingt-deux membres d'équipage et personnel de bord. »

Les enfants du Titanic

Je ne sais pas pourquoi l'histoire de ce navire m'a toujours fascinée, de ma rencontre avec lui dans le film SOS Fantômes où on le voit surgir de la brume, enfin arrivé à destination, jusqu'à l'apothéose du film de James Cameron qui en restitue toute la beauté. Peut-être parce que son luxe inouï, l'illusion du progrès technologique et bien sûr son destin tragique en ont fait un mythe, celui de la revanche de la nature sur la démesure, l'insouciance et la toute-puissance humaines.

 Dans ce récit mi-romanesque, mi-biographique Elisabeth Navratil met en scène son propre grand-père ainsi que son père et son oncle, « Lolo » et « Momon, », alors âgés de quatre et deux ans, passagers de deuxième classe. Michel Navratil embarque sur le Titanic en deuxième classe avec ses deux enfants, qu'il vient par ailleurs d'enlever à leur mère, dans l'espoir de commencer une nouvelle vie aux Etats-Unis dans la haute couture.

On côtoie des personnages ayant existé (le journaliste Stead qui avait pressenti le naufrage et les Astor par exemple) mais aussi des personnages fictifs, ce qui m'a laissée un peu perplexe parce que je pensais qu'il s'agissait d'un récit authentique. Mais n'oublions pas que l'auteur s'est appuyée sur les souvenirs de son père, alors très jeune. Elle a donc dû combler des lacunes par l'imagination, tout en tentant de rester au plus près de la réalité. Ainsi, pour expliquer que les enfants n'aient pas pris place dans les premiers canots alors qu'ils en auraient eu la possibilité, elle raconte que Lolo s'était perdu dans la foule des passagers de la troisième classe, occasionnant par là-même une visite dans cette partie du paquebot pour le lecteur. De la même façon, on voit les personnages faire une incursion dans l'univers de la première classe alors que c'était impossible, comme le confie l'auteur dans la postface. Mais ces quelques entorses à la réalité sont là non seulement pour donner du crédit au récit, d'une certaine façon, mais aussi pour permettre au lecteur de découvrir l'ensemble du navire.

Le style très simple m'a un peu rebutée au début mais je me suis ensuite laissée prendre au jeu et j'ai finalement passé un bon moment. J'ai aimé découvrir des personnages réels qui sont évoqués plus discrètement dans le film de James Cameron : par exemple, juste avant le naufrage, on voit un couple de personnes âgées qui a choisi de rester dans sa luxueuse cabine plutôt que d'être séparé : dans le roman, on apprend qu'il s'agit d'Ida et Isidor Strauss, propriétaires des magasins Macy's. J'ai eu plus de mal à m'attacher aux personnages du fait de l'étrangeté de la situation (le kidnapping) et en raison du ton assez neutre qui crée une distance avec ces derniers. La fin est cependant poignante, évidemment, et bien documentée.

Un livre facile d'accès et vite lu, à conseiller à tous ceux qui veulent passer un moment sur le Titanic !

***

p. 226 "La grandeur, la beauté de cette agonie d'étincelants blocs de glace, d'une blancheur de Voie lactée maintenant qu'ils sont tout proches, l'infini de la voûte céleste l'étourdissent légèrement."

 p. 215 "Trevor lève la tête et distingue à sa grande stupéfaction de grandes traînées dans le ciel : les étoiles filantes se succèdent presque sans interruption, comme si la galaxie pleurait l'engloutissement du Titanic."

 p. 228 « Un silence magique règne sous la magnifique nuit. Des myriades d'étoiles clignent de l’œil à tous ceux qui, enfants, adolescents, adultes, sans désespérance, en silence, se préparent à mourir dans la paix »

 p. 287-288 "Pères, mères, grands-parents, oncles, tantes, cousins, amis, toutes ces victimes impuissantes sacrifiées à l'appât du gain, qui peut leur redonner vie ? Tous ces jeunes espoirs de l'Amérique, ces étrangers venus apporter leurs talents au Nouveau Monde, n'ont-ils pas été sacrifiés à un mirage, celui de la toute-puissance humaine ? Ne vient-on pas d'assister à une réédition du mythe d'Icare ?"

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