Horrorstör, Grady Hendrix
La jeune Amy travaille sans enthousiasme pour Orsk, une chaîne scandinave proposant des meubles en kit et des articles de décoration, à Cleveland. Toute ressemblance avec une chaîne suédoise existante n'est évidemment pas fortuite... Amy est rebelle, refuse de faire partie de la grande "famille" des employés. Le soir venu, elle est sollicitée par son supérieur afin de mener une surveillance nocturne avec plusieurs collègues. Le magasin semble en effet faire l'objet de sabotage, un inconnu s'amusant à asperger les canapés d'une matière douteuse...
Le ton est volontiers satirique. A travers Amy, l'auteur dénonce les travers d'une société qui pousse le client à consommer toujours plus, le prenant quasiment par la main pour le guider dans le magasin et lui susurrer à l'oreille le nom des objets qui lui seront forcément utiles. Les employés sont catégorisés, identifiables de loin grâce un code de couleurs. "Qu'est-ce qui t'attend à l'intérieur hormis l'esclavage, l'exploitation agricole et l'assujettissement aux seigneurs du libéralisme?" Ce qui peut s'apparenter à une promenade pour le client prend des allures de piège vicieux et prémédité avec la "désorientation programmée". p. 15 "Le magasin avait été pensé pour obliger les clients à avancer dans le sens inverse des aiguilles d'une montre. Le but était de les maintenir dans une espèce d'état hypnotique. Amy, elle, avait seulement l'impression de déambuler dans une maison hantée de fête foraine toutes lumières allumées. Elle passait totalement à côté de l'effet recherché." Dénonciation du marketing, des gondoles "d'achat impulsif", des slogans qui promettent monts et merveilles. Et c'est la partie qui m'a le plus intéressée.
Pour ce qui est de l'intrigue, le cadre est certes inhabituel, mais une fois le point d'orgue atteint, je dirais que le récit est plus classique et ne m'a pas tenue particulièrement en haleine. En résumé, si l'aspect parodique m'a séduite, la dimension surnaturelle m'a moins convaincue.
Le livre en lui-même est particulièrement original, c'est ce qui m'a attirée : il ressemble à un catalogue, même format et même design - à quelques détails près ! Les débuts de chapitres mettent en avant un article, réel ou fictif, dont la présentation rappelle celle d'un vrai catalogue.
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p. 10 "Orsk était un énorme animal au flux sanguin continu et régulier, composé de trois cent dix-huit employés - deux cent vingt-huit à plein temps, quatre-ving-dix à temps partiel."
p. 53 "Certaines personnes rencontrent Dieu, d'autres vont aux Alcooliques anonymes, d'autres encore entrent dans des gangs. Lui, il a trouvé Orsk."