Une Héroïne américaine, Bénédicte Jourgeaud
Amelia Earhart, qui a hérité son illustre nom d'un grand-père canadien, férue de littérature américaine, de sociologie et de mythologie, part s'installer à Toronto dans les années 90. Jeune femme anti-conformiste de 28 ans, elle fuit sa mère qui cherche à la caser à tout prix à grands renforts de romans Harlequin.
En 1950, Brownie Wise, bien décidée à prendre son destin en main après un mariage malheureux, invente le concept des réunions à domicile pour le compte de la firme Tupperware et lui permet de prendre son essor.
C'est un avis en demi-teinte. J'ai adoré les flashbacks consacrés à Brownie mais je n'ai pas totalement adhéré au parcours d'Amelia, aussi bien universitaire que sentimental.
Rien ne prédestinait Brownie à une telle ascension. Elle apparaît tout d'abord comme une coquette calculatrice mais on comprend très vite ses motivations : échapper à un quotidien morne, elle qui dès l'âge de 15 ans, a dû vendre des chapeaux dans la rue. Malheureusement pour elle, son mariage est un échec et c'est même une scène de ménage qui va lui inspirer une technique de vente. Je ne connaissais pas du tout cette héroïne américaine qui a donné son titre au roman et j'ai été ravie – et émue en même temps – de découvrir son destin cruel.
J'ai été moins sensible à l'histoire contemporaine, celle du personnage ficitf d'Amelia. Peut-être parce que le portrait de la jeune femme est sans nuance, trop élogieux. J'ai eu du mal à croire à son histoire avec l'universitaire Philippe Pershing, de trente ans son aîné. Et globalement, j'ai trouvé les personnages froids ; il manque une petite étincelle pour qu'on s'attache vraiment à eux. Paradoxalement, la vie de Brownie est évoquée avec plus de naturel ; je me suis sentie plus proche de cette femme qui a progressivement gravi les échelons de la société, envers et contre tout. Il faut dire aussi que j'ai toujours plus d'affinités avec le rétro qu'avec l'époque contemporaine. J'ai cependant apprécié les recherches d'Amelia et les liens qu'elle établit entre la culture populaire américaine et les mythes.
Les deux destins entremêlés, celui d'une femme au foyer des années 50 devenue célèbre et celui d'une jeune femme de notre époque, fascinée par la première, m'a rappelé Julie et Julia, de Julie Powell. J'aurais cependant aimé que leur relation occupe plus de place dans le roman pour donner du sens à ces deux vies présentées en parallèle.
Une très belle lecture quoiqu'il en soit, qui m'a permis de découvrir avec plaisir le destin d'une femme méconnue du grand public.
Le mois américain chez Plaisirs à cultiver