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2 novembre 2017

David Bowie n'est pas mort, Sonia David

 

Attention, cette chronique n'a rien d'original ! Il n'y a pas beaucoup de place pour la créativité sur ce blog mais j'écris toujours mes billets avec le cœur…

Le 23 mai 2015, Hélène, la narratrice, perd brutalement sa mère. Un an plus tard, c'est le tour de son père. Entre ces deux disparitions, il y a aussi eu celle de David Bowie. Trois décès, trois récits qui sont l'occasion de faire émerger les souvenirs, parfois enfouis, d'une jeunesse compliquée, entre une mère abusive et un père parti refaire sa vie ailleurs. Et comme trait d'union, le chanteur qui va permettre à Hélène de mieux comprendre sa sœur aînée.

La narratrice nous fait partager deux « journées », deux longues journées qui sont en réalité bien plus que cela, unités de temps subjectif qui rassemblent plusieurs jours liés à deux événéments marquants s'il en est dans la vie : la mort des parents.

On pourrait croire qu'il s'agit d'un hommage façon Le livre de ma mère d'Albert Cohen, un moyen de ressusciter ce qui n'est plus, de rattraper le temps perdu, de réparer, d'être pardonné. En réalité, il n'en est rien. On comprend très rapidement qu'Hélène – qui se plaît à répéter en public « Ma connasse de mère » et ses sœurs entretenaient des relations difficiles avec leur mère. Alors dans ce cas, de quoi s'agit-il ? Difficile à dire. La singularité d'une expérience : les mille et uns gestes à accomplir après un décès, la difficulté à trier les affaires du disparu et surtout, les différentes facettes du défunt. Le disparu était naturellement perçu de différentes manières par son entourage et sa mort est l'occasion de toutes les réunir. « Racontée par eux, elle a l'air extra, cette femme » (p. 70).

A travers un récit au présent qui s'apparente à un long monologue intérieur et épouse les soubresauts de la pensée tout en suivant un fil conducteur, le lecteur suit Hélène au cours de ces deux journées étranges comme un spectateur discret. La tristesse qui aurait pu imprégner le récit laisse place à la complexité du portait maternel qui se dessine au fil des pages : « Son rugissant orgueil, sa farouche intelligence, son ostentatoire culture, son rire dévastateur, son mépris de ce qu'elle ne sait pas, impossible de passer à côté » (p. 56) Par moments, quand même, un chagrin discret affleure lorsqu'il s'agit de vider l'appartement de Maman : « C'est désolant, tout de même, autant d'effritement visible à présent que sa tonitruance s'est tue » (p. 37)

La partie consacrée à « Papa », en revanche, traduit toute l'affection qu'une fille peut ressentir pour son père. On y sent une certaine piété filiale teintée d'humour et de distance.

Lorsqu'il a fallu retenir trois titres pour participer à la rentrée littéraire de Priceminister, c'est bien sûr celui-ci qui m'a attirée en premier lieu du fait de son originalité. Pourtant, il faut de la patience pour voir apparaître le nom du chanteur dans le roman. Malgré tout, j'ai apprécié cette lecture, qui n'est pas aussi triste que ma chronique peut le laisser paraître. Le style est addictif, calqué, comme je l'ai dit, sur le rythme de la pensée et des souvenirs. Enfin, il y a une liberté de ton, loin des convenances et du conformisme, qui m'a beaucoup parlé. Une rencontre bénéfique donc avec ce David Bowie n'est pas mort...

Merci à Priceminister pour cette découverte : #MRL17

David Bowie

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